Petits bonheurs du jour

Quand j’étais petite fille et même après, l’automne était au 21 septembre, du moins je l’ai toujours cru. Comme le premier jour de l’été était alors, lui, fixé à la Saint Jean, le 21 juin. C’était plus simple, mais l’agenda me dit que « cette année », l’automne sera le 23 septembre. Plus que deux jours d’été, donc.

Déjà ? Mais toujours ça de gagné.

Alors, vite, vite, enfiler mes souliers, serrer fort les lacets, prendre chapeau et canne, et gravir la colline. Lumière d’or. Ciel bleu. Pluie de fruits tombés au sol. Cueillir une figue. Et, tous, ils viennent vers moi, en rangs amicaux. Et nombreux.

Je m’arrête pour mieux les voir. Les regarder. Et, soudain, je me rappelle. Je les ai connus tout petits, fragiles baliveaux, les ai planté moi-même, pour certains, d’autres sont venus sans qu’on le leur demande, et, maintenant, ils sont si grands, si beaux, à étaler leurs branches en éventail de feuilles sur l’azur. Qui me dévore les yeux.

Et je me dis que la vie est belle.

Dédicaces, observations en laboratoire ouvert. Étude sur le visiteur-lecteur potentiel

Bon, toutes les dédicaces ne se ressemblent pas, mais il y a entre elles de curieuses ressemblances. Notamment, lorsqu’elles se pratiquent dans ces grands espaces culturels* dédiés à la fois à la lecture, au disque audio, au DVD, aux jeux vidéo, (surtout) autant qu’à ceux de hasard (ça marche plutôt bien : loto, je gratte ici je gratte là et tutti quanti), mais aussi aux loisirs créatifs ou à la vente de coffrets-cadeaux du type « ma cuisine super facile » ou « devenez un vrai caviste »… Mais — oserai-je le dire ? — ce peut être aussi le cas dans certains salons, où les visiteurs semblent s’être égarés par hasard au milieu des livres, dont ils n’ont rien à faire. À moins qu’un esprit malin les y ait conduits de force — on peut se poser la question…

Donc, voici le cadre posé. Vous comprendrez mieux ensuite où je veux en venir.

Imaginez maintenant, dans ce cadre, un auteur lambda. Pas un pipole « vu (et revu) à la télé ». Non, un auteur normal, comme vous et moi. À peine connu de ses pairs et de quelques revues (c’est déjà ça), ainsi que d’une poignée de lecteurs (merci à eux). Il est assis à sa table, arrivé sagement avant 10h (l’heure de début des dédicaces et de l’ouverture des salons, pour ceux qui ne savent pas), propre sur lui, le stylo à dédicacer à la main et une ou deux piles de ses livres devant lui. Et, face à cette table, autour de lui, un flot (je dis flot, mais il peut être léger) de visiteurs susceptibles ou non, de lui acheter un de ses livres. Ou, au moins, de s’y intéresser. L’auteur n’en demande pas plus.

Mais, pardon, on ne doit pas prononcer le mot « acheter » ni « vendre ». En vrai langage correct, l’auteur, une sorte d’artiste indifférent à toute contingence matérielle, est là pour « signer » à la rigueur « dédicacer », ou, mieux, « rencontrer ses lecteurs », mais jamais pour vendre. Celui qui vend ou encaisse c’est l’autre, le libraire, il ne faut pas confondre. Même si, sans la présence de l’auteur ce jour-là à cette heure-là, ces livres-là ne se seraient sans doute pas vendus… Mais bon, il faut savoir respecter les règles d’usage. L’auteur est là pour signer. À chacun son rôle.

Maintenant, revenons à mon réel sujet, celui dont je veux vous parler aujourd’hui : le visiteur-lecteur potentiel. Celui qui passe dans les rayons indifférenciés du tout culturel, ou de ces salons où l’on vient faire un tour pour se promener ou aérer bébé (qui dort d’ailleurs dans son landau), parce que c’est samedi ou dimanche et qu’on n’a rien d’autre à faire (de toute façon, ils se ressemblent beaucoup. On me souffle à côté que ce sont peut-être les mêmes. Carrément. Enquête à faire.)

Donc, ce visiteur, qui pourrait devenir votre lecteur, il faut bien entrer en contact avec lui, vous êtes d’accord ? Sinon on va avoir ça :

TEST préalable à effectuer pour mieux comprendre le problème : durée à prévoir, disons 60 minutes minimum. Matériel : Un auteur lambda à sa table, assis ou debout, peu importe, mais tout sourire et prêt à la rencontre.

Pendant 60 minutes, si le test dure 60 min, 120 min si le test dure 120 min (ce qui sera encore plus probant, forcément), les visiteurs passent près de lui et de son aimable sourire du matin. Évitent avec dextérité la table dressée, pourtant bien en vue et décorée d’une belle nappe luisante et jolie affiche avec une photo de l’auteur, et/ou de ses livres. Personne ne le voit.

Mais parfois si ! Au bout de 45 min ou de 105 (selon la durée de l’expérience), quelqu’un s’approche de l’auteur. Le sourire de celui-ci, réveillé, se fait radieux. On l’a vu ! « Vous savez où se trouvent les jeux vidéo ? » ou, variante qui ferait presque plaisir car, au moins, il s’agit de livre : « Je cherche le dernier Harry Potter »… Déception. Qu’il ne montre pas, bien sûr.

Ce premier test s’étant révélé probant, on passe à l’étape suivante — un bon moyen, en tout cas, d’approfondir la connaissance du problème. Fort des résultats de la première étape, on persuade l’auteur de prendre les grands moyens. À partir de cet instant, « Bonjour » balancera-t-il tout joyeux à chacun (ou presque) des visiteurs-lecteurs potentiels frôlant sa table.

Un sur deux (environ 50%) répondra « Bonjour » et passera son chemin (un bonjour, c’est déjà ça, vous me direz). Les autres ne l’auront toujours pas vu.

Ou auront fait semblant.

Alors, cette fois, il faut passer aux choses sérieuses. L’auteur va accepter de suivre les conseils d’un ami auteur rencontré dans un salon quelconque et va s’adresser au lecteur potentiel passant toutefois suffisamment près de sa table pour que l’auteur n’ait pas besoin de forcer sa voix : « Bonjour, je peux vous parler de mes livres si vous voulez, je suis là pour ça. » L’auteur pourra éventuellement compléter sa proposition par une plaisanterie du genre : « C’est gratuit et sans obligation d’achat » ou tout autre boutade susceptible de faire naître un sourire sur les lèvres du visiteur-lecteur potentiel et que l’auteur, après réflexion, aura jugé, acceptable et non compromettante pour son honneur.

Ça fait toujours du bien de rire. Il est néanmoins conseillé de changer la formule de temps à autre si l’on ne veut pas s’ennuyer soi-même.

Mais là, enfin, ça peut devenir intéressant. Car non seulement l’auteur devient soudain visible, mais on lui répondra assez souvent.

Et voici les réponses qu’on peut obtenir, dont j’ai pris note lors de récentes dédicaces pour que cette étude comporte un semblant de sérieux.

Dans le genre banal et redondant, vous obtiendrez : « Je ne suis pas là pour ça », « Pas pour l’instant », « J’en parlerai à ma femme ». Et, plus surprenant — surtout si la dédicace se passe dans un salon littéraire totalement consacré au livre et non plus seulement dans le rayon littérature du magasin : « Je ne lis pas », ou sa variante « je ne lis plus », qui me font toujours m’interroger.

Après, ça devient plus varié. Vous obtiendrez : « Je cherche le point lecture » (c’est quoi ?) ou, en montrant vos livres (Ah, celui-là a vu que j’avais des livres se réjouit l’auteur) : « Ça parle de la 2ème guerre mondiale ? » ou : « Ce sont des livres de champignons ? Parce que moi, je ne lis que des livres sur les champignons… » Et, plus dur à avaler pour le pauvre auteur, mais hélas très fréquent : « Mais je ne vous connais pas ! » (En effet, si elle ne me connaît pas ! se dit l’auteur… Il est sûr que ne je suis pas passée à la télé). Enfin, vraiment cruel, celui (ou celle) qui part à rire à cette proposition absurde, et disparaît, riant toujours, dans les allées.

Vous aurez vite compris que tout bon auteur en dédicace doit savoir mettre en veille son ego et éviter de se rappeler la queue terrible qu’il y avait à la table d’Amélie Nothomb lors de son dernier passage au salon du Livre (de Paris) ou la bousculade devant les mémoires d’un rugbyman voisin de table dudit auteur lors d’un précédent salon, et dont le livre était le fruit avoué d’une collaboration avec un… enfin… quelqu’un qui avait accepté d’écrire le livre à la place dudit Rugbyman, par ailleurs homme tout à fait charmant. Parce que vous comprenez…

Mais, ne soyons pas inutilement pessimistes, il y a aussi ceux qui s’intéressent pour de bon, s’approchent de vous (l’auteur) et, même, pour certains, sans qu’on les ait encouragés à le faire (oui, cela arrive parfois) et qui, aussitôt, se mettent à vous raconter leur vie ou vous font le décompte, titres à l’appui, des livres nombreux qu’ils ont lus et ne sont pas les vôtres, mais qui ne vous lâchent plus et ne jettent même pas un coup d’œil à vos livres avant de partir, ou ceux qui, eux-mêmes, ont écrit un livre et vous en parlent copieusement sans se soucier moindrement de ce que vous auriez pu avoir à dire des vôtres. Éventuellement vous distribuent un prospectus avec le titre et le nom de l’auteur (eux) et un bulletin de commande au cas où vous… Assez fréquent également, en plus altruiste, celui qui vous entreprend au sujet d’un bon ami à lui qui a écrit un livre qui… et que… et qui voudrait savoir comment vous avez fait — vous — pour trouver un éditeur. Ou, en plus agréable, parce qu’elle avait sacrément raison, cette dame adorable qui vous a dit que c’est super la nouvelle, qu’elle adore cela, mais qu’on n’en vend pas assez et que les libraires devraient tout de même un peu aider les auteurs comme vous (donc inconnus) en les mettant davantage en avant, mais repart sans avoir eu le temps ou l’idée de se pencher sur vos nouvelles.

Après cela, il y aura celui qui vous demande si c’est vous qui avez écrit vos livres (si, si : ai-je la tête à signer des livres qui ne seraient pas les miens ?) et il y a celle — originale au moins celle-là et sortant du tout-venant — qui visiblement vous a prise pour une autre et est partie vers la caisse en brandissant un livre et vous criant d’un air radieux : « Ça y est, j’ai trouvé ! » Hélas, un livre qui n’était pas l’un des vôtres.

Cependant, ce qu’on voit le plus, et de loin, c’est le visiteur pressé, homme ou femme, peu importe, qui passe en courant : « Je suis pressé » et qui, de fait, a l’air vraiment pressé. Pauvre homme, pauvre femme, le plaignez-vous. Il serait si bien à regarder tout tranquillement les livres et à prendre son temps pour choisir. Comme cette dame que vous avez pu observer pendant un bon bout de temps, qui a feuilleté un à un tous les livres présentés sur les tables, s’attardant à en lire de copieux extraits, mais n’a pas daigné s’arrêter, ne serait-ce qu’un instant, devant les vôtres pour en déchiffrer au moins la couverture.

Et, pour finir, il y a ceux, nombreux en cette période de pré-Noël, qui vous répondent : « Je cherche une idée de cadeau. » Pour vous signifier que vos livres, non « ça ne le ferait pas », comme si on ne pouvait pas offrir un vrai livre pour Noël au lieu de ces énormes coffrets jolis et creux qui envahissent de plus en plus les rayons librairie, et dont le contenu consiste en babioles de médiocre qualité, assorties d’un vague livret d’usage justifiant seul leur présence dans le rayon littérature. Le tout pour un prix loin d’être avantageux, mais passons. Tant qu’on ne m’en offre pas… (Je profite, du reste, de ce billet pour en faire l’annonce à mes amis et à ma famille : ne m’offrez surtout pas ce type de cadeau, je préfère un vrai livre).

Pourtant, auteurs ne désespérez pas. Ne doutez pas qu’après toutes ces réponses, qui sont la lettre de refus du visiteur-lecteur potentiel de passage, il y en aura un qui vous répondra : « Mais pourquoi pas ? » et s’approchera de votre table. Et celui-là, d’un coup, justifie votre présence insolite à la table du libraire.

* NB. Je remercie les libraires et divers responsables qui m’ont permis, en m’invitant dans leurs murs, d’aller à la rencontre de mes lecteurs et de leur dédicacer mes livres lors de séances de signature, séances qui ont été à l’origine d’échanges souvent fructueux, parfois passionnants et toujours chaleureux, tout autant qu’ils m’ont fourni matière pour ce billet.

Joyeux Noël à tous et, plus particulièrement, aux lecteurs qui se sont arrêtés à ma table. Un grand merci à eux.

Nouvelle ou roman ?

Enfin le voilà, le deuxième billet !… On va croire que je dors, que j’hiberne, que je fais ma marmotte ou mon gros nounours dans sa grotte. Mais non. Je ne dors pas, et l’hivernage est terminé, mais la vie nous réserve des surprises, elle a ses exigences, nos choix, face à son pouvoir, sont relatifs et limités. Alors que faire d’autre que d’accepter ses décisions et de s’y soumettre ?

Après tout, tant qu’il y a de la vie…

Alors voilà, disons que j’ai fait une « pause », mot très prisé dans mon Sud-Ouest pour dire qu’on arrête tout, sans forcément y revenir (et sans même en avoir eu l’intention). Mais comme je ne suis pas réellement du Sud-Ouest, n’y étant pas née, pour moi, le mot « pause » garde tout son sens : arrêt ou plutôt suspension provisoire.

Suspension relative : je n’ai cessé ni d’être, ni de faire — au moins, ce qui m’était possible — mais suspension tout de même.

J’ai dû travailler moins et il m’a fallu, pendant quelques temps, me retirer un peu de la vie ordinaire, pas vraiment de bon cœur, je l’avoue, mais j’ai profité de ce repos forcé pour lire… des nouvelles, beaucoup, et même énormément, mais aussi des romans. Pour le reste, j’ai pris du retard en tout.

Mais me revoilà.

Vous vous impatientez ? Je l’espère bien. Non que j’y croie, mais bon, je suis là et je reprends doucement mes activités et le chemin des salons.

En tout cas, on pourra me revoir, en chair et en os, sourire aux lèvres et stylo en main, ce Dimanche 5 juin au Festival du livre de Ste Foy de Peyrolières (31), un salon que j’aime tout particulièrement. En partie, sans doute, à cause du nom de cette ville qui sonne chaud à mon oreille, mais, surtout, parce qu’on y reçoit un accueil sympathique et amical et que ce salon-festival reste de taille humaine, ouvert à une poignée d’auteurs choisis, et que cela me convient. Je n’ai guère de goût, je dois l’avouer, pour les grandes foires aux livres, où l’on se presse autour du dernier succès à la mode ou à la table de pipoles illettrés en mal d’écriture nègre.

À Ste Foy, rien de tout cela. La pluie y est mouillée, le soleil accueillant, et les auteurs sont des « vrais gens », comme vous, comme moi. J’y retourne chaque fois avec un franc plaisir. Mais est-ce qu’on peut expliquer vraiment d’où nous viennent nos coups de cœur ?

Cette année,  cerise sur le gâteau — c’est bon les cerises — on m’a demandé de débattre (en fait non, on ne m’a rien demandé, je l’ai appris en lisant le programme : jolie surprise non ? et jolie preuve de confiance. Merci Jo)… et zut, faut pas forcer sur la parenthèse : voici ma phrase en suspension, elle aussi !

Bon, reprenons juste après, et poursuivons : ce dimanche, au festival de Ste Foy, donc, je vais débattre sur le thème « le roman et la nouvelle », thème de ce festival 2016. Je représenterai donc et défendrai, pour l’occasion, la Nouvelle, Colette Berthes, le Roman. Enfin c’est ce qui est écrit sur la brochure. Avec et contre Colette, la guerre, s’il y a guerre,  risque de se montrer plutôt plaisante, armes au vestiaire et fourbies en pure forme. La nouvelle et le roman sont-ils frère-sœur ennemis ?

Honnêtement, qui pourrait penser une chose pareille ?

Enfin… on verra ça dimanche.

Cependant, que roman et nouvelle soient ennemis jurés ou pas, il est certain que cette dernière a sacrément besoin d’être défendue. Pas contre le roman, mais contre les lois impitoyables du marché. La crypto-littérature n’a guère de chance dans ce monde mercantile où seul compte le chiffre des ventes. La nouvelle ne se vend pas ? et alors ?

Sortons la des cartons, des dessous des tables, des greniers poussiéreux, mettons la bien en vue, pipolisons la, elle se vendra. Il y a en a qui l’aime. Pourquoi pas les autres ?

Parce–qu’ils–ne–la–voient–pas.

Il faut qu’on lui redonne, à la nouvelle, une place digne d’elle, ça urge, que des éditeurs courageux et vaillants osent et prennent réellement sa défense, la fasse connaître. Que les libraires se risquent à mettre la nouvelle sur leurs tables et leur attribuent leurs « coups de cœur », que les bibliothèques en invitent les auteurs et en garnissent hardiment leurs rayons.

Ne plus avoir accès aux nouvelles, ou difficilement, comme c’est le cas actuellement, c’est être amputé d’une part précieuse de notre littérature. Non, ce n’est pas la guerre entre roman et nouvelle, leurs territoires sont voisins, et chacun d’eux mérite sa place auprès de nous.

Sur cette déclaration militante, je brandis une dernière fois ma banderole : « La nouvelle ! La nouvelle ! »  Il faut savoir défendre les minorités opprimées.

À la revoyure.

 

Mon second premier billet

Wou la la ! Mon premier billet le voilà… Mais si ! Aujourd’hui, j’ai décidé de m’y mettre.

Bon, on va me  rétorquer :

— Et si tu terminais d’abord le reste du site ? À « Presse », c’est encore vide, sans parler de ta « Biographie plus complète, pour les curieux » et rien non plus à « Animations »… de quoi les décevoir les curieux, tu ne crois pas ? Même si le reste est assez bien en place.

— Ah ! mais tout de même, il y a déjà trois photos  en avant-première dans « Biographie plus complète » et mettre des photos, c’est long et un peu barbant (enfin,  je trouve, moi).

— Si tu achevais plutôt le texte commencé avant d’aller te disperser dans un blog ? Ce serait plus raisonnable.

— Ce serait peut-être plus raisonnable, mais je n’ai pas envie d’être raisonnable. Pas aujourd’hui en tout cas. Et ce texte sur ma Bio, il est commencé, c’est déjà ça, le reste viendra plus tard. À « Biographie », il y a de quoi lire en attendant : mes réponses à l’ER, ma bio rapide… Et j’ai dû préparer ma Rencontre-lecture pour le « Printemps des poètes », ça m’a pris du temps. À cause de la musique.

— Tu étais obligée de mettre de la musique ?

— Non bien sûr, mais j’en ai eu envie. Parce que j’aime la musique et que je me suis rappelé qu’une de mes nouvelles avait été mise en onde par la RTBF, et que c’était beau, c’était chouette, c’était vivant. J’ai eu envie de faire un peu la même chose, du moins essayer, m’en rapprocher, et je l’ai tenté. Avec les moyens du bord. Pendant quelques jours ou même quelques semaines, je n’ai plus fait que ça, quasiment…. Et, hier, justement,  le jour du printemps, ç’a été le grand moment.

Avec mon technicien perso, nous avons présenté 1h de lecture en musique à la bibliothèque de Moissac, huit poésies et deux nouvelles (Merci à « Lire sous ogives », merci à Nicole et Jean-François et merci à Elsa, et à Jean-Pierre  pour le pied de micro).

Pendant une heure, moi qui aime tant bouger et ai du mal à supporter  (ne serait-ce que l’idée) d’être bridée,  j’ai dû m’accrocher audit micro, le coller à mes lèvres — tout contre même, et m’agripper au pied. Sinon, je me connais, je me serais mise à  gigoter et fallait pas, il paraît — ces micros-là, ça ne supporte pas qu’on prenne un peu de distance m’a-t-on dit (et les essais, hélas, l’ont confirmé). Alors je me suis inclinée et, malgré l’inconfort horrible (en tout cas pour moi) de cette position, j’ai lu mes textes, en étant tout à la fois, la narratrice, une petite fille qui trottinait, une vieille à la tête tourneboulée, un homme le dos au mur que le vent qui emporte une lettre, un crayon usé qu’on ramasse dans une cellule, l’œil noir du loup qui guette l’aventurier et la corne qui appelle. Et, toujours collée à mon  micro, suivre ma partition. Car, oui, c’était une sorte de partition que nous avions, mon technicien perso et moi. Quand musique et texte doivent coïncider, comment faire autrement ? Si vous aviez pu voir nos feuilles : couvertes d’annotations, de signes cabalistiques, de couleurs, de repères.

Alors, voilà, j’avais envie de vous dire qu’une fois tout fini,  j’étais vannée certes, mais que votre présence à tous, votre écoute attentive, le silence qui flottait dans la salle, votre enthousiasme et vos réactions une fois que tout a été fini, m’ont fait pensé que oui, j’avais bien fait de tenter la chose…

Merci à vous, mes amis et lecteurs, et merci à Arnaud d’avoir partagé cette aventure avec moi.

 

♥ voir le site du Printemps des poètes